[Portrait] Louise Chassouant, doctorante en chimie

Sur quoi portent vos recherches ?

En quelques mots, ma thèse porte sur l’analyse de résidus d’amphores afin de savoir ce qu’elles avaient contenu ou transporté (de l’huile, du vin, aromatisé peut-être…). Ça peut paraitre très « exotique » mais le travail résulte d’une collaboration entre différents archéologues qui fournissent les amphores et étayent le contexte archéologique afin de donner un sens plus pratique à mes résultats. Pour ce faire, nous étudions en détail la poix, qui tapissait l’intérieur des amphores pour les imperméabiliser sous deux angles : par chromatographie (chimie analytique) et par la présence de pollens (palynologie).

Fragment supérieure d’amphore (sans typologie indiquée)
Pied d’une amphore africaine précoce

Quelle est votre actualité scientifique ?

En ce moment, j’étudie beaucoup les pollens à travers un microscope. Je m’étonne toujours quand je réalise qu’ils datent du Ier siècle av. J.C., j’ai l’impression d’être témoin d’un autre monde qui défile sous mes yeux.
Je présenterai une partie de mes travaux de recherche au MidiScience du 9 avril 2020 [reporté à une date ultérieure] si cela vous intéresse… Et sinon mes « actualités scientifiques » se résument pour le moment à des présentations scientifiques que je peux donner à différentes conférences.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

Par pur hasard ! J’ai fait un Master de Chimie Biologique et Moléculaire à l’EPFL (Suisse) et j’ai été incroyablement enchantée de découvrir un cours sur l’analyse des anciens matériaux et leurs dégradations. Même si c’était le vendredi matin, je ne l’aurais raté pour rien au monde.

A ce moment-là, je me suis dit que ce que j’aimais vraiment dans la chimie, c’était la possibilité de l’appliquer à des objets qui me parlent, comme des tableaux ou des objets du patrimoine culturel.

Après presque un an de recherche entre l’université d’Amsterdam et le RijksMuseum (Hollande) afin d’étudier l’apparition de certaines dégradations visuelles sur des tableaux, j’ai compris que j’aimais la recherche parce qu’elle me permettait de comprendre des phénomènes visuels et concrets à mon échelle.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

De beaucoup travailler, mais de le faire avec intelligence. De ne pas apprendre pour apprendre, mais plutôt d’apprendre pour comprendre !

Quel objet ou quelle image de votre recherche vous illustre le mieux ?

L’image ne « m’illustre » pas vraiment, mais j’aime bien ce qu’elle représente. D’aspect peu attractif à première vue, elle peut s’avérer très intéressante pourtant. C’est là une belle métaphore de l’archéométrie !
Nous sommes au cœur de l’amphore. Elle contient très visiblement de la poix (en noir), avec au fond des résidus marrons qui cristallisent toutes mes attentes de résultats intéressants ! Puis sur les contours, des concrétions qui symbolisent les dégradations naturelles inéluctables.

Intérieur d'une amphore