[Portrait] Natalie Petiteau, professeure des Universités en histoire contemporaine
Sur quoi portent vos recherches ?
Après avoir travaillé sur le Premier Empire et son ombre portée sur le XIXe siècle, dans des approches relevant essentiellement de l’histoire sociale et politique, je me tourne aujourd’hui vers l’histoire du spectacle vivant aux XIXe et XXe siècles. En liant ma passion pour l’histoire et ma passion pour les chevaux et l’équitation et suite à ma rencontre avec la Compagnie Alexis Gruss, je travaille désormais sur l’histoire du cirque, notamment sur l’histoire sociale des anonymes de la piste, sur l’histoire sociale et culturelle des publics sans négliger certaines approches politiques. La piste est en effet un lieu d’expression de la légende napoléonienne au milieu du XIXe siècle tandis que, dans les années 1930, le monde du cirque s’emploie à abolir les frontières quand les États les érigent en barrières.
Quelle est votre actualité scientifique ?
La publication d’un premier livre sur l’histoire de la Compagnie Alexis Gruss a eu lieu en 2018, sous le titre Les bâtisseurs de l’éphémère. Je suis actuellement en Congé pour recherches et conversion thématique et, tout en utilisant ce temps pour accumuler des photos de fonds d’archives, je prépare des communications à des journées d’étude. Un premier travail sur « Les corps sublimés dans l’ « Opéra de l’œil » » sera présenté à Aix-en-Provence en mars 2020. Un autre sur « Le cheval en piste : éducation, sublimation, attention (1768-2020) », sera proposé à l’EHESS en juin 2020. Je m’engage également dans la rédaction d’un article sur le rôle de la piste dans la diffusion de la légende napoléonienne. Je prévois enfin la constitution d’une base de données sur les artistes forains.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?
Cela a été pour moi une évidence plus qu’un choix. Ayant toujours été passionnée par l’histoire, depuis l’école primaire, il m’a été naturel d’en faire mon métier en passant les concours du CAPES et de l’agrégation. Ayant obtenu ceux-ci sans difficulté, j’ai poursuivi en thèse sans me poser de question, parce que la passion de l’histoire ne peut être assouvie qu’en allant aux sources. Une fois la thèse obtenue, il était également naturel de candidater à un poste d’enseignant-chercheur, obtenu lui aussi du premier coup. Or dans les années 1990, il semblait bien que c’était la voie royale pour associer passion pour la recherche et volonté de transmettre un savoir aux plus jeunes.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?
Il faut ne pas se laisser prendre au miroir aux alouettes. Il y a très peu de postes dans la recherche et de toutes façons travailler à l’Université signifie avant tout aujourd’hui être submergé par des tâches administratives rébarbatives qui éloignent de la recherche. « Faire de la recherche » est un travail qui n’existe plus que dans les interstices de nos vies professionnelles, sauf peut-être dans les grosses structures ou au CNRS. Je dirais donc aux plus jeunes de se donner les moyens d’obtenir un poste de ce type, ce qui réduit encore les possibilités. Je suis en fait très pessimiste sur l’avenir des historiens dans notre société, peu écoutés, mal considérés, pas souvent aidés.
Quel objet ou quelle image de votre recherche vous illustre le mieux ?
Voici un programme du « Nouveau Cirque » qui illustre la place que le cheval occupe alors dans ce spectacle qui attire non seulement un public populaire, friand des exploits, par exemple, des clowns Footit et Chocolat qui interviennent en cette matinée du 22 décembre 1889, mais aussi un public aristocratique et bourgeois, avide de contempler les prestations équestres. La publicité de la page de gauche témoigne de ce caractère encore très élitiste du cirque d’alors.
Mis à jour le 22 décembre 2022