[Soutenance de thèse] 18/12/23, Clémentine Leroy : « Sensibilité des abeilles sauvages face aux transformations du paysage dans les agroécosystèmes. » (UR 406 Abeilles & Environnement, INRAE)

Actualité recherche 7 décembre 2023

Titre de la thèse

Éco-extraction de biomolécules à haute valeur ajoutée à partir de grignons d’olive

Date et lieu

18 décembre 2023 à 13h30, Campus Jean-Henri Fabre, CERI, Amphi Blaise

Discipline

Sciences Agronomiques, Biologie des populations et écologie

Laboratoire

UR 406 Abeilles & Environnement, INRAE

Encadrement

  • Cédric Alaux
  • Mickael Henry
  • Jean-Luc Brunet

Composition du jury de soutenance

  • Alice Michelot-Antalik : rapporteure
  • David Giron : rapporteur
  • Maryse Vanderplanck : examinatrice
  • Isabelle Dajoz : examinatrice
  • Mickael Henry
  • Jean-Luc Brunet

Résumé de la thèse

Le contexte actuel du déclin de diverses espèces d’abeilles sauvages soulève la nécessité de trouver et de réfléchir à des mesures de conservation et de restauration plus proactives et plus pertinentes. Dans ce cadre, l’utilisation de mesures de la vitalité et condition corporelle des organismes pourrait représenter une opportunité intéressante pour évaluer comment ces derniers répondent aux changements environnementaux. Nous avons ainsi émis l’hypothèse que des modifications physiologiques pourraient informer sur la sensibilité individuelle des abeilles aux changements environnementaux et agir comme des indicateurs de la qualité des habitats. Ces mesures physiologiques sont très prometteuses et présentent déjà des exemples de réussite pour de nombreuses espèces soumises à diverses perturbations environnementales, à savoir la pollution environnementale, le changement climatique et les ressources du paysage. Dans cette optique, nous avons appliqué cette approche écophysiologique pour mesurer les effets de la disponibilité et de la richesse des ressources florales sur la condition corporelle de diverses espèces d’abeilles sauvages. La condition corporelle des abeilles est, dans nos travaux, une compilation de la masse corporelle et des indicateurs du statut nutritionnel (concentrations en protéines, triglycérides et glycogène).

Nous avons tout d’abord examiné l’influence d’éléments semi-naturels (prairies temporaires et permanentes, jachères et landes boisées) et des haies sur le succès reproducteur et la condition corporelle de l’abeille maçonne (Osmia cornuta) dans des vergers de pommiers. Les habitats semi-naturels et les haies dans les vergers n’ont pas affecté la reproduction des osmies, mais ont eu des effets bénéfiques sur le poids et la teneur en protéine de la descendance, probablement en raison d’une meilleure diversité des pollens récoltés. Parallèlement, nous avons testé l’effet en zone de prairies, d’un indice d’utilisation des terres (compilation des pratiques des agriculteur·ices incluant la fauche, le pâturage et la fertilisation) et de la diversité florale sur les communautés d’abeilles sauvages en se focalisant sur les bourdons. Le poids des bourdons a particulièrement diminué avec l’intensité de gestion des prairies chez une espèce formant des colonies de petites tailles (Bombus sylvarum), alors que les autres espèces n’ont pas été affectées. Les concentrations en protéines (en particulier chez Bombus terrestris) et glycogène ont également varié selon les pratiques de gestion des prairies, ces variations étant conditionnées par la longueur du proboscis des espèces. Ces travaux montrent que des mesures de la condition corporelle peuvent être utiles pour améliorer notre compréhension des réponses des abeilles sauvages à la qualité des habitats. En particulier, les mesures de la masse corporelle et de la teneur en protéines semblent être d’un intérêt particulier pour attester de la sensibilité individuelle. L’acquisition de ces connaissances et leur mise en pratique, de concert avec d’autres champs disciplinaires (écologie comportementale, sciences sociales, épidémiologie…) ainsi qu’avec les acteur·ices engagé·es dans la protection des pollinisateurs, pourraient permettre d’affiner et co-construire des stratégies de conservation des populations d’abeilles sauvages pour lutter contre le déclin des abeilles.

Mots clés associés
soutenance de thèse