[Portrait] Guido Castelnuovo, professeur en histoire du Moyen Âge et directeur des éditions universitaires d'Avignon

Sur quoi vos recherches portent-elles ?

En histoire, je m’intéresse tout particulièrement aux derniers siècles du Moyen Âge (du XIII au XV siècle) et ce, d’un double point de vue géopolitique et socioculturel. D’une part, je travaille depuis plus de trente ans sur le monde des principautés, de leurs élites (seigneurs, officiers, notables) et de leurs ancrages territoriaux, en particulier en Savoie ; d’autre part, j’étudie l’univers des cités italiennes et de leurs élites laïques entre le XII et le XVI siècle. Comme directeur des Éditions Universitaires d’Avignon, je m’efforce de jouer un rôle de passeur de savoirs, au sein de l'université et entre l'Université et la Cité.

Quelle est votre actualité scientifique ?

Je mène aujourd’hui une double activité, de recherche et de diffusion. Après la publication d’un livre issu de mon habilitation à diriger les recherches (Être noble dans la cité. Les noblesses italiennes en quête d’identité, Paris, 2014) j’ai continué à publier (entre 4 et 6 contributions par an) sur des thématiques sociales et culturelles qui, de l’Italie des cités à la Savoie princière, se penchent toujours sur la question du pouvoir : qui gouverne, quand et comment ? Et surtout, quelles seraient les identités complexes (sociales, culturelles, politiques) des élites dominantes ? La diffusion, elle, correspond à mes fonctions au sein des EUA : je contribue directement au pilotage des quatre collections qui composent la colonne vertébrale de nos Éditions universitaires, ce qui signifie que j’ai suivi la publication d’une trentaine de livres en cinq ans.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

C’est très banal de l’écrire, mais il s’agit avant tout d’une question de curiosité, d’attrait de l’inconnu (ou du peu connu) que l’on désire comprendre ou du moins déchiffrer. De la curiosité naît, ensuite, le goût de manier des documents, sources de toute recherche (dans les archives, dans les bibliothèques, dans les livres). De ces découvertes et du plaisir que l’on prend à les interpréter découle, enfin, le désir de communiquer ce que l’on a appris, d’où l’enthousiasme, qui est encore le mien, pour la diffusion de la recherche, par l’enseignement ou la valorisation éditoriale.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

Premier conseil : s’assurer que ce souhait ne soit pas uniquement théorique mais qu’il corresponde bien à une exigence authentique et à une motivation tangible. Deuxième conseil : prendre le temps de connaître les aléas professionnels liés au monde de la recherche (temporalités, offres de recherche, salaires). Troisième conseil : parfaire ses capacités de travail à la fois en autonomie et dans un cadre collectif, car il est fondamental d’être tout à la fois équilibré, motivé et innovant !

Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?

Cette « bataille de boules de neige » se trouve, peinte à fresque, au cœur du château (castello del Buonconsiglio) du prince-évêque de Trente (Italie du nord, région périalpine). L’œuvre est tout à la fois un témoignage parlant de l’art gothique à l’aube du XV siècle, un signe manifeste de l’importance du mécénat culturel princier, un indice de poids de l’importance des loisirs courtois dans le mode de vie des élites du temps…et l’annonce, si vivante, d’une recherche qui est aussi, toujours, une joie.

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