[Portrait] Esteban Bopp, postdoctorant en géographie

Sur quoi vos recherches portent-elles ?

Depuis septembre, j’étudie la manière dont les individus perçoivent et utilisent les espaces verts urbains publics (parcs, berges de cours d’eau, forêt) et privés (jardins). Mon objectif est de modéliser un potentiel d’usage des espaces verts dans les villes de Besançon et Dijon.

Durant ma thèse à Avignon (2017-2021), j’ai travaillé sur l’alerte aux populations face aux risques naturels et technologiques. J’ai estimé le potentiel de nouveaux outils d’alerte géolocalisant les individus en temps réel et qui seront utilisés d’ici peu en France et en Europe.
Durant ces deux projets, j’ai mobilisé des outils de géographie quantitative : géomatique, analyse spatiale et géostatistique.

Quelle est votre actualité scientifique ?

A ce jour, j’ai publié deux articles en 1er auteur, d’autres sont soumis (en révision) et d’autres encore en préparation. En parallèle, j’ai été associé en tant que co-auteur à d’autres articles publiés ou soumis. J’ai également participé à des communications (vers d’autres chercheurs, ou vers des acteurs pouvant être intéressés par mes travaux) et de la vulgarisation scientifique. Il s’agit là d’autres leviers de communication importants. J’ai obtenu une bourse « jeune docteur innovant » de la région PACA qui va me permettre de financer un nouveau post-doctorat d’un an et de retrouver l’université d’Avignon par la même occasion.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

Dès que j’ai mis un pied à la fac, j’ai adoré. Après une licence de géographie et un master en gestion des risques, j’ai eu une expérience en collectivité en Normandie. Mais l’idée de faire une thèse m’a toujours séduit. J’ai eu une occasion à Avignon et je l’ai saisie. J’y ai trouvé un environnement hyper stimulant intellectuellement. J’adore ce principe de se poser une question, d’établir un protocole méthodologique pour y répondre, puis d’analyser les résultats et de vérifier si notre hypothèse est bonne, ou si notre question a mal été posée. En tant que géographe, cette démarche scientifique se traduit par l’étude spatiales de phénomènes. J’adore également enseigner : c’est une partie du métier très concrète. Aujourd’hui, même si le nombre de poste à l’université est très restreint, j’aspire réellement à devenir enseignant-chercheur.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

Je vais essayer d’être très synthétique, d’après mes expériences personnelles et les nombreuses discussions que j’ai eu avec d’autres doctorant.e.s :

  • La curiosité est un point essentiel selon moi. Il faut identifier un sujet et une manière de le traiter (ce point s’éclaircira avec la biblio au début de la thèse). Il faut avoir une petite idée de ce qu’est la démarche scientifique (questions > hypothèses > protocole méthodologie > analyse & communication des résultats).
     
  • Chaque thèse est différente (forme, contenu, approches, etc.) par conséquent il faut se méfier des préjugés (positifs comme négatifs) qui entourent le doctorat (financement, charge de travail, conditions de travail, rapport thésard.e/directeur.trice, etc.).
     
  • La recherche est une activité ingrate. La remise en question est permanente et usante au long cours. Les rapports humains ne sont pas toujours faciles.
     
  • Trouver une place de titulaire dans la recherche est difficile : un certain nombre de « cases » (publication, colloques, collaborations, enseignement, etc.) doivent être cochées durant la thèse pour espérer trouver un poste ensuite.
     
  • Il est possible d’arrêter une thèse en cours de route : cela reste une expérience très enrichissante et on a le droit de se tromper et de changer d’avis.

Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?

Cette figure illustre l’inégalité spatiale qui résulterait de l’usage du Cell Broadcast (une technologie d’alerte permettant de diffuser des messages sur les téléphones mobiles des individus) à l’échelle de la France métropolitaine.

Ici, j’ai réalisé une mesure de l’autocorrélation spatiale (corrélation dans l’espace d’un phénomène) de l’efficacité du Cell Broadcast (taux d’individus alertables). L’usage d’un outil phare de l’analyse spatiale (autocorrélation) met en évidence une importante fracture de la performance du Cell Broadcast en France (rural-montagne/urbain-littoral).

Cette fracture doit cependant être relativisée avec l’existence de territoires de forte performance du Cell Broadcast en zone rurale/de montagne (rouge clair) et de territoires de faible performance en zone urbaine/littorale (bleu clair).

L'UMR ESPACE (Avignon Université) et l'UMR ThéMA (Université de Franche-Comté)

Esteban Bopp est postdoctorant au sein de l'UMR ThéMA : Théoriser et Modéliser pour Aménager (Université de Franche-Comté).
Il a soutenu sa thèse à Avignon Université, sous la direction de Johnny Douvinet de l'UMR ESPACE : Étude des Structures et des Processus d’Adaptation et des Changements de l’Espace.

MidiSciences – 30/01/2020


« Les défis de l'alerte à la population face aux risques en France à l'ère numérique : une approche spatiale »

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