[Portrait] Marion Fontaine, Maître de conférences HDR en Histoire et Directrice du Centre Norbert Elias (CNE)
Sur quoi portent vos recherches ?
Mes recherches portent sur l’histoire sociale et politique européenne contemporaine. Je me suis en particulier intéressée aux changements globaux affectant les sociétés industrielles : désindustrialisation, crise du monde ouvrier, prise de conscience de nouveaux risques environnementaux et sanitaires, transformations culturelles. Je travaille aussi sur l’histoire des gauches et du socialisme en particulier, notamment à travers la figure de Jaurès.
Quelle est votre actualité scientifique ?
Je termine le manuscrit tiré de mon Habilitation à diriger des recherches, qui paraîtra début 2022, avec comme titre La société industrielle en question. Je travaille aussi activement à la préparation d’un documentaire pour la TV, intitulé « La grande tueuse » (sur l’exposition et la mobilisation des ouvriers mineurs face aux risques sanitaires). Enfin, en cette veille d’année très politique, nous préparons avec un collègue un dossier sur « La politisation des classes populaires » qui devrait paraître cet automne [2021].
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?
Un peu par hasard au départ (j’étais plutôt tentée au départ par le journalisme) ! Parce que certaines questions m’ont intriguée ensuite : pourquoi et comment le passé industriel et ouvrier restait-il présent ? Pourquoi des spectacles, comme le football, était-il devenu un nouveau support d’identité ? Comment expliquer la crise de la gauche ? Et parce que, un peu après, je me suis aperçue que ce métier, loin de certains stéréotypes, était étonnamment varié et permettait de rencontrer des gens très différents, dans la recherche comme dans l’enseignement.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?
Ne pas se décourager ! Il y a beaucoup d’embûches, de compétition et de sélection aussi – trop certainement – et il faut souvent attendre, prendre parfois des voies auxquelles on n’avait pas pensé. Ne pas oublier aussi que ce métier est varié comme je le disais, et qu’il faut s’y préparer : on fait du terrain, on cherche et on écrit, mais aussi on enseigne, on cherche des financements, on gère les formations, on organise des manifestations. Toutes les expériences sont bonnes pour s’y préparer ! Et enfin aimer les langues : celle dans laquelle on écrit, celles dont on a besoin dans un milieu de la recherche de plus en plus internationalisé ; celle qu’on utilise dans ses écrits et ses ouvrages scientifiques, et celle que l’on traduit pour parler aux étudiants, étudiantes et à un plus large public.
Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?
Vue du Deutsches Bergbau-Museum de Bochum (Allemagne). Dans une seule image, le croisement du passé industriel et minier, et du présent (le musée, la patrimonialisation, les nouvelles activités).
Le Centre Norbert Elias (CNE)
Le Centre Norbert Elias fédère des chercheurs issus de différentes disciplines, convaincus de l’unité des sciences humaines et sociales. Le laboratoire est implanté sur le campus EHESS Marseille à la Vieille Charité et sur le campus Hannah Arendt à Avignon Université. Il regroupe 40 chercheurs, plus de 80 doctorants et une équipe d’appui d’une dizaine de personnes qui travaillent sur l’analyse et la description des mondes sociaux.
Mis à jour le 22 décembre 2022