[Portrait] Guilhem Boulay, Maître de conférences en géographie (UMR 7300 ESPACE)

Sur quoi vos recherches portent-elles ?

Mes recherches en géographie économique portent principalement sur les marchés immobiliers. Initialement, je me suis beaucoup consacré à la variabilité spatio-temporelle des prix immobiliers, peu connue (à échelle fine) jusqu’à récemment, faute de données disponibles. Les données immobilières (leur massification, leur qualité et leur disponibilité) constituent d’ailleurs ma seconde thématique de recherche. Enfin, je m’intéresse à la transformation numérique du marché immobilier et à ses impacts tant en termes urbains (ségrégation, régulation publique) que de structuration du secteur (désintermédiation et réintermédiation du marché, évolution des modèles économiques).

Quelle est votre actualité scientifique ?

Avec plusieurs collègues avignonnais (Laure Casanova Enault et Antoine Peris, géographes, ainsi que Delphine Blanke, statisticienne), nous lançons en ce moment la Chaire Partenariale GIF (Geodata, Immobilier, Foncier). Ce projet de recherche est original puisqu’il est financé à la fois par Avignon Université et des membres fondateurs, privés et publics, extérieurs à l’Université : Adéquation, le CEREMA, Meilleurs Agents et l’Union Sociale pour l’Habitat. La Région SUD PACA soutient également la Chaire. GIF traitera de plusieurs enjeux liés au foncier et à l’immobilier, dont la propriété foncière-immobilière sur laquelle nous avons beaucoup travaillé ces derniers temps. Nous présenterons d’ailleurs quelques-uns de ces résultats lors d’un Midisciences, le 4 mai prochain. [À découvrir ici : « Les propriétaires fonciers et immobiliers en France » par Guilhem Boulay, Laure Casanova-Enault et Rémi Lei]

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

On ne peut à la fois être admiratif des travaux de Bourdieu et dire qu’on a choisi en toute liberté et indépendance de devenir enseignant-chercheur quand on est « fils de profs » ! C’est donc assez logiquement que j’ai suivi un cursus classique jusqu’à la thèse, même si je n’ai eu que tardivement l’objectif de devenir enseignant-chercheur. Les places sont chères dans la recherche, et j’aurais très bien pu ne pas obtenir de poste. Étant donné mes thématiques de recherche, j’aurais sans doute pu occuper des postes dans d’autres secteurs, mais le plaisir d’enseigner et une certaine forme d’autonomie m’auraient sans doute manqué.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

Je leur dirais qu’il est fondamental de comprendre que la recherche n’est pas coupée du reste du monde. Tout d’abord parce que la recherche dépend de la société (c’est très clair pour son financement, par exemple…) et rétroagit sur cette dernière. Et ensuite parce que les qualités qu’exige la recherche sont également souhaitables dans la vie politique, voire personnelle. Enfin (et ce conseil n’est valable que pour les étudiant(e)s en géographie, ne connaissant pas assez bien les autres champs pour m’y aventurer), d’un point de vue très pragmatique, l’insertion professionnelle dans la recherche est certes difficile mais les sujets de thèse en géographie se prêtent très bien à une insertion professionnelle dans d’autres secteurs. Il n’y a donc aucun risque à tenter sa chance !

Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?

La présence d’une publicité immobilière sur ce sac à baguette est très révélatrice de l’importance de l’immobilier, qu’on retrouve jusque sur les emballages des commerces les plus fréquentés de France. Cette publicité montre en plus combien, en réintermédiant le marché (notamment via les estimateurs en ligne), le numérique concurrence les acteurs plus traditionnels comme les agences immobilières.