[Portrait] Emmanuel Netter, Professeur de droit privé au LBNC
Sur quoi vos recherches portent-elles ?
Mes recherches portent sur ce qu’il est convenu d’appeler le « droit du numérique », un vaste ensemble de questions juridiques soulevées par les transformations provoquées par l’informatisation et la mise en réseau de la société. On y rencontre des thèmes aussi divers que le droit des données à caractère personnel, le droit des réseaux sociaux, les contrats et le commerce électroniques, « l’uberisation » de l’économie, l’encadrement des outils dits « d’intelligence artificielle ».
Quelle est votre actualité scientifique ?
Je co-écris actuellement un ouvrage sur le droit des réseaux sociaux avec M. Valère Ndior, qui a obtenu une chaire IUF sur cette thématique. Je fais partie de l’équipe qui travaille, sous la direction de M. Michel Séjean, à la deuxième édition du nouveau code Dalloz de la cybersécurité. J’anime depuis quelques mois, avec M. Thibault Douville, une nouvelle chronique « Numérique et vie des affaires » à la Revue trimestrielle de droit commercial. Je participerai prochainement aux « Midisciences » de l’établissement pour évoquer l’encadrement juridique de l’IA.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?
J’ai choisi cette carrière avec un immense enthousiasme, alors que d’autres, plus lucratives, étaient ouvertes à un docteur en droit des affaires. Cela essentiellement pour jouir de la liberté de travailler sur les sujets de mon choix. L’université m’a par exemple permis de m’éloigner progressivement de mes sujets initiaux, les garanties bancaires, pour m’orienter progressivement vers mes thématiques numériques actuelles.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?
Malheureusement, je les inciterais à la prudence. La liberté que j’évoquais plus haut est en train de s’étioler : les projets de recherche que je citais avancent lentement, car je consacre un temps qui me semble excessif à des tâches purement bureaucratiques. C’est un mal qui frappe toute la profession, au-delà de notre établissement. Quant au différentiel de rémunération avec le secteur privé, acceptable il y a quinze ans, il s’est creusé. La proposition de carrière formulée à l’égard de nos jeunes chercheurs n’est hélas plus la même aujourd’hui.
Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?
Un ordinateur s’imposerait, au regard de ce qui précède. Mais pour l’agrément du lecteur, qui a déjà contemplé un grand nombre, je choisirai un de ses ancêtres : la machine de Charles Babbage.
Mis à jour le 26 mars 2023