La culture est un levier fort de la mise en œuvre du changement
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)[1] et les experts de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)[2] nous mettent en garde depuis un certain temps sur le rôle de l’Homme dans le réchauffement climatique, ses conséquences et notamment la perte de biodiversité. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche nous alerte et nous impose d’agir à travers son plan « climat-biodiversité et transition écologique » afin de respecter les engagements pris lors de l’accord de Paris[3]
La transition environnementale n’est donc plus une option, c’est une obligation pour préparer l’avenir. Dans cette optique Avignon Université a rédigé son Schéma Directeur de Durabilité (SDD). A travers ce document stratégique nous nous engageons à promouvoir des pratiques professionnelles respectueuses de l’environnement et à intégrer des principes de développement durable dans notre fonctionnement. Cette transition environnementale doit être perçue comme une chance de rendre nos vies plus riches en renouant avec la nature et en renforçant nos liens sociaux. Cela sera l’occasion de valoriser notre héritage culturel mais aussi de le faire évoluer vers une culture écologique. En résumé, c’est un grand défi, et Avignon Université, à travers ses deux axes identitaires : AgroSciences, Santé, Environnement & Culture, Patrimoine, Sociétés numériques, et son Schéma Directeur de Durabilité validé en février 2024 en Conseil d’Administration, a toutes les cartes en main pour y participer
Notre SDD établit nos objectifs sur cinq ans pour transformer notre université. Nos objectifs sont concentrés sur quatre axes.
Premier axe, l’engagement de la gouvernance.
Celle-ci a pleinement pris conscience de l’urgence climatique et du rôle important qu’a l’université en tant que service public au service des nouvelles générations. Les moyens sont là et ils s’illustrent notamment par le choix de mettre en place une équipe Transition Environnementale, composée d’une Vice-Présidence, mais aussi de trois chargés de mission : Stéphane Sammartino, en charge des mobilités douces, Yannick Esteves, sur le numérique responsable et Joffrey Moiroux pour la biodiversité. Nous pouvons aussi compter sur le soutien administratif d’Aude Favre, consultante interne et accompagnatrice au changement, qui nous aide sur la méthodologie et la coordination de toutes nos actions qui sont transversales sur l’université.

Deuxième axe, la transformation de nos campus.
Nous avons 52% des fiches actions du SDD sur cet axe, il s’agit par exemple d’œuvrer activement à l’accueil de la biodiversité sur les campus, de favoriser le réemploi et de s’engager dans l’économie circulaire ou encore de mettre en place des pratiques exemplaires en matière de restauration proposée par l’établissement. De nombreux personnels sont à l’œuvre pour faire avancer les différents projets. Nous travaillons par exemple à la mise en place de trois chartes importantes « goodies responsable » ; « évènementiel responsable » et « alimentation durable » qui seront validées en septembre 2024. La première action visible déjà à l’œuvre est la fin de la distribution des bouteilles d’eau lors des réunions et manifestations. Dans cet axe, nous devons aussi réaliser annuellement un bilan carbone, le faciliter et le fiabiliser par l’évolution des systèmes d’information mais aussi développer une stratégie de réduction des émissions carbone. Le bilan 2023 a été déposé en juin 2024 et les résultats sont sans appel, c’est la mobilité de nos étudiants mais aussi de nous, les personnels, qui a le plus d’impact et sur nos émissions de Gaz à Effets de Serre (GES)[1]. Notre première priorité est donc là. Avec Stéphane Sammartino et l’expertise de nos chercheurs de l’UMR ESPACE, mais aussi en partenariat avec le Grand Avignon et la mairie d’Avignon, nous travaillons à la promotion des mobilités moins émettrices de GES et lancerons des actions de sensibilisation lors de la semaine européenne de l’environnement[2].Pour l’ensemble des événements liés à la transition environnementale nous intègrerons la dimension culturelle car les valeurs, les croyances et les représentations collectives jouent un rôle crucial dans la manière dont nous percevons et traitons notre environnement. La culture est un levier fort de la mise en œuvre du changement.
La deuxième action que nous souhaitons mettre en avant est la biodiversité. Plusieurs actions sont en cours comme la mise en place du potager partagé, à l’initiative de Severine Suchail, enseignante-chercheuse en écotoxicologie à l’institut AgES. Sur le campus Jean-Henri Fabre, cet espace est utile aux enseignements en agriculture urbaine de la Licence Professionnelle Agronomie parcours Transition Agro-écologique des territoires, mais il est aussi à ouvert aux autres étudiants de l’université qui souhaitent y développer des projets. Ce potager est cogéré avec l’association les Jardins du colibri et en partenariat avec le Grand Avignon, il est destiné à servir de modèle dans le cadre du développement d’Agroparc comme un écoquartier adapté à l’agriculture urbaine.
Troisième axe, l’accompagnement des équipes de recherche dans l’évolution de leurs activités.
Nous devons travailler en synergie avec les équipes des laboratoires de recherche dans la mise en œuvre de pratique écoresponsable. De nombreux laboratoires sont déjà largement impliqués dans la transition, notamment par les thématiques de recherche. Par exemple, Konstantinos Chalikakis, enseignant-chercheur à l’UMR EMMAH (Environnement Méditerranéen et Modélisation des Agro-Hydrosystèmes) est porteur de la Chaire partenariale GeEAUde (inaugurée en mai 2024) dont un des objectifs est de à proposer des stratégies de gestion durable des ressources en eau souterraine adaptées au contexte méditerranéen face aux changements globaux. Un autre exemple est le projet européen Life VineAdapt porté par Armin Bischoff et Olivier Blight, enseignants-chercheurs à l’IMBE (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie) qui étudie la résilience des agroécosystèmes viticoles face au changement climatique. Les chercheurs étudient l’hypothèse qu’une biodiversité plus riche et une gestion plus raisonnée de l’irrigation des vignobles permettent une meilleure adaptation au futur du climat. Ou encore, Julie Deramond, enseignante- chercheuse au Centre Norbert Elias, qui porte le projet OLIVE4ALL (Olive Heritage for Sustainable Development: Raising Community Awareness of Living Heritage) qui vise à placer le patrimoine de l’olivier, en tant que symbole représentatif de la culture et de l’identité méditerranéennes, et sa valorisation au cœur des initiatives de développement territorial pour répondre aux défis sociétaux actuels.

Quatrième axe, la sensibilisation et la formation aux enjeux de durabilité.
L’action la plus forte est la mise en place d’une unité d’enseignement qui devra être effective en septembre 2025. En effet, le ministère nous impose de former nos étudiants à un socle de compétences et de connaissances intégré aux formations de niveau licence et recommande au moins 30 heures de cours ainsi qu’une certification. Les enseignements incluent le changement climatique, la biodiversité, les ressources et l’équité sociale et doivent aussi permettre aux étudiants de se mettre en action à travers des ateliers et des projets. Le rôle de l’université dans cet enseignement est d’aider à la citoyenneté en permettant à chacun d’avoir les connaissances scientifiques nécessaires à la compréhension des mécanismes à l’œuvre, car la connaissance est souvent un prérequis au changement. Nous sommes dans l’Anthropocène, le rôle de l’Homme dans les dynamiques planétaires est central. L’humanité est la principale cause des dérèglements et donc nous pouvons agir ![1]
Notre université s’engage dans un mouvement mondial mais aussi territorial. De nombreux exemples locaux nous montrent le chemin de la durabilité notamment dans la culture. Depuis dix ans, le Festival d’Avignon est engagé dans une profonde réflexion sur son impact environnemental. En 2020, il a mis en place une cellule de travail interne, collective et transversale, chargée de mettre en œuvre une action durable. La Scierie, l’un de nos partenaires culturels, incarne un concept de tiers-lieu résolument axé sur la culture, l’écologie et l’économie sociale et solidaire. Dans le paysage local d’Avignon, cette dynamique des tiers-lieux est palpable, avec des initiatives telles que le Tipi, l’éveilleur scop, Surikat,… et symbolise une nouvelle manière d’appréhender la vie en société, en favorisant les échanges, la créativité et le développement durable.
[1] Si vous souhaitez mettre votre pierre à l’édifice de construction de cette UE, n’hésitez pas à intégrer le groupe de travail piloté par notre collègue Jean-Pierre Malrieu de l’institut CPSN.(mail à vp-transition@univ-avignon.fr)
[1] Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade
[2] L’IPBES est un organe intergouvernemental créé en 2012. Pluridisciplinaire, l’IPBES a pour premières missions d’assister les gouvernements, de renforcer les moyens des pays émergents sur les questions de biodiversité, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU).
[3] L’Accord de Paris est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015. Son objectif primordial de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. » https://unfccc.int/fr/a-propos-des-ndcs/l-accord-de-paris
[1] Gaz (dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote…) présents dans l’atmosphère qui retiennent une partie de la chaleur reçue par le solaire dans l’atmosphère. L’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère se traduit par une hausse de sa température.
[2] Du 16 au 22 septembre 2024 (semaine des mobilités)
Mis à jour le 14 janvier 2025