Gabriel Alcaras*
Docteur en sociologie – Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (LISIS)
ATER à l’Université Gustave Eiffel
pour une séance de séminaire intitulée
Les contributeurs du libre, des « peintres de cour » ? Enquête sur les continuités du travail gratuit et rémunéré dans la production du logiciel libre
Cette présentation interroge la place du travail gratuit dans l’industrie informatique. À partir d’une enquête sur la production de Git, un logiciel central de nos infrastructures numériques contemporaines, l’auteur analyse les rapports entre l’activité principale rémunérée − le « day job » − et les contributions bénévoles, effectuées en dehors des horaires de travail − « after hours ». Il éclaire trois dimensions du rapport entre travail gratuit et rémunéré. Premièrement, il quantifie son évolution historique et explique comment le travail rémunéré est à la fois devenu la règle dans le logiciel tout en restant l’exception chez les contributeurs. Deuxièmement, il montre que le travail gratuit s’effectue souvent dans la continuité du travail rémunéré, y compris du point de vue de la temporalité de l’activité. Troisièmement, il questionne l’absence des conditions de travail dans les traces numériques de l’activité informatique et met en évidence un travail d’effacement au service d’une vision qui oppose travail gratuit et rémunéré.
La discussion sera animée par Gaël Depoorter, MCF de Science politique (•JPEG-AU)
La séance aura lieu le Vendredi 15 mars 2024 à 10h00 en salle 1W48
*Actuellement ATER à l’Université Gustave Eiffel et attaché au Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (LISIS), Gabriel Alcaras est docteur en sociologie.
Ses recherches portent sur la production des infrastructures numériques, à la croisée de la sociologie du travail informatique, l’anthropologie du capitalisme et les études des sciences et des techniques.
Sa thèse, soutenue en novembre 2022, intitulée, « Des logiciels libres au contrôle du code.
L’industrialisation de l’écriture informatique » est ainsi consacrée à Git, une infrastructure de développement hégémonique pour la production collective des codes.
Il est lauréat du Prix du Jeune Auteur décerné par la revue *Sociologie du travail*, pour son article paru en 2020 « Des biens industriels publics. Genèse de l’insertion des logiciels libres dans la Silicon Valley »
(Premier Prix Ex-Æquo).