[Portrait] Eleanor Stewart, Maître de conférences en anglais
Sur quoi portent vos recherches ?
Ma thèse portait sur l’interaction entre le mouvement d’émancipation des femmes en Angleterre au tournant du 20e siècle et le théâtre. Une partie importante de mon travail était consacrée aux dramaturges suffragistes. Je m’intéresse aux liens entre théâtre et identité féminine, entre le théâtre et les questions socio-politiques. J’ai publié des articles sur des auteures engagées du début du siècle telles qu’Elizabeth Robins, Cicely Hamilton et Githa Sowerby, mais également sur une dramaturge contemporaine, Rebecca Lenkiewicz.
Quelle est votre actualité scientifique ?
Mon livre, intitulé « La Nouvelle Femme sur la scène britannique, 1890-1914 », est sous presse avec les Editions Harmattan. Il devrait permettre de faire découvrir aux lecteurs français des dramaturges britanniques méconnues. Dans le cadre d’un colloque qui aura lieu à la Sorbonne fin 2020 (« La nouvelle vague de femmes dramaturges sur la scène anglaise contemporaine »), je présenterai une communication sur Enron (2009) de Lucy Prebble. La pièce explore de façon originale la chute d’une multinationale américaine en 2001 et a eu une résonance toute particulière pour le public britannique en 2009, en pleine crise financière.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?
Après avoir fait une licence de langues vivantes (français-allemand) en Angleterre, j’ai passé les concours d’enseignement et fait un doctorat en France.
La carrière de maître de conférences me permet de concilier l’enseignement de l’anglais et de me spécialiser dans un domaine qui me passionne, le théâtre.
La recherche en études théâtrales est très variée – il ne s’agit pas simplement du texte car le théâtre est un spectacle vivant. On assiste à des mises en scène, on travaille dans les archives, on étudie la réception et j’ai eu l’occasion d’interviewer une dramaturge. C’est la diversité de cette discipline et le fait d’étudier un art en prise directe avec les problématiques contemporaines, un art qui se renouvelle en permanence, qui me stimulent le plus.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?
Il faut être sûr qu’on est prêt à se spécialiser dans un domaine très ciblé et à y consacrer plusieurs années. Il faut vérifier ce qui a déjà été fait dans le domaine en question, puis bien définir son sujet. Il est important d’anticiper le type de recherche que cela va exiger (bibliothèques, archives, séjours à l’étranger). Enfin, aujourd’hui il ne faut pas oublier que les ressources numériques sont de plus en plus riches. Dans le domaine du théâtre, certaines pièces peuvent se lire et même être visionnées en ligne.
Quel objet ou quelle image de votre recherche vous illustre le mieux ?
En tant que spécialiste de théâtre britannique, j’assiste plusieurs fois par an à des mises en scène en Angleterre. Mais c’est le National Theatre de Londres (ci-dessous) qui est l’endroit le plus important pour moi. Situé au cœur du South Bank, ce lieu est un des symboles de la créativité britannique contemporaine. Depuis quelques années, ce théâtre essaie de promouvoir des nouveaux dramaturges et de mettre en scène plus de pièces écrites par des femmes, tout en offrant un répertoire classique. Je fréquente ce lieu depuis l’âge de 10 ans lorsque mon père, critique de théâtre, m’a amenée voir Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
Voir aussi
En cette période de confinement, le National Theatre de Londres propose certaines de ses pièces en ligne gratuitement.
Mis à jour le 22 décembre 2022