[Portrait] Cyrielle Garson, maîtresse de conférences en études anglophones et théâtrales (UPR ICTT)

Sur quoi vos recherches portent-elles ?

Mes recherches actuelles s’inscrivent dans l’étude de la transition numérique du spectacle vivant, un phénomène qui s’est fortement accéléré depuis la pandémie de COVID-19. Je m’intéresse plus particulièrement aux pratiques scéniques innovantes qui mobilisent la XR (réalité étendue), et plus spécifiquement la VR (réalité virtuelle), pour réinventer les formes de création et de réception. Ces nouvelles expériences artistiques (qui intègrent parfois l’intelligence artificielle) redéfinissent en profondeur les cadres théoriques des études théâtrales et anglophones. Elles m’ont également conduit à dialoguer avec des champs connexes tels que les humanités numériques, et même jusqu’à cofonder une discipline émergente : l’informatique théâtrale, au croisement de l’informatique et des arts de la scène.

Cyrielle Garson
Crédit : Isabelle Huau

Quelle est votre actualité scientifique ?

Depuis mon premier ouvrage Beyond Documentary Realism: Aesthetic Transgressions in British Verbatim Theatre sur le théâtre documentaire britannique (2021, De Gruyter), je publie des articles en français et en anglais sur ma nouvelle thématique de recherche pour différentes communautés. Voici quelques exemples de mes récentes contributions :

  • En ligne sur HAL (la plateforme nationale pour la diffusion de la recherche scientifique), je viens de co-éditer en bilingue (français et anglais) avec mon collègue Rémi Ronfard (Inria) les articles des journées de l’informatique théâtrale qui se sont tenues à Avignon Université les 9-11 octobre 2024.
  • Pour le grand public et les professionnels du spectacle vivant, je viens de publier un article sur le théâtre dans le « métavers » pour la revue Théâtre/Public
  • Pour la communauté scientifique internationale qui s’intéresse au théâtre contemporain de langue anglaise, je viens de publier un entretien avec les artistes américains Ferryman Collective pour le Journal of Contemporary Drama in English : https://www.degruyterbrill.com/journal/key/jcde/13/1/html

Enfin, cette année, je suis très heureuse d’avoir été choisie pour représenter le Vaucluse en tant qu’ambassadrice de la fête de la science. Grâce au prix Villa Créative D4 Associés obtenu au mois de mai dernier, ce sera l’occasion de montrer au grand public de la fête de la science le potentiel de la téléprésence pour le théâtre grâce à une technologie (station scenic) développée par la SAT (société des arts technologiques) à Montréal. Nous inaugurerons ainsi dans l’auditorium de la Villa Créative la première expérience de téléprésence théâtrale entre Avignon et Montréal avec nos partenaires canadiens, et au niveau local, le Conservatoire du Grand Avignon et la Chartreuse de Villeneuve.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

J’ai toujours aimé transmettre les savoirs, mais après mon diplôme de licence, je ne savais pas encore comment concevoir une contribution originale à la connaissance. Le monde de la recherche universitaire me permet d’être à la pointe de la connaissance dans mon domaine au niveau international, et ainsi de transmettre à nos communautés d’apprenants des savoirs nouveaux ou en train de se construire. L’enseignement auprès de ces publics me permet aussi de tester différentes manières de transmettre la connaissance, notamment grâce au soutien à l’innovation pédagogique.

Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

La compétence « recherche » est inestimable et a de très nombreuses applications en dehors du monde universitaire. Dans un monde de plus en plus numérique, la capacité de concentration et de sélection critique des informations est une réelle valeur ajoutée. J’ai cependant plus de réserves aujourd’hui quant au choix d’une carrière universitaire dans le domaine des SHS et des humanités car les postes sont de plus en plus rares. En attendant un changement positif en matière de capacité de recrutement dans nos institutions publiques, il faut espérer que la société civile française reconnaisse la grande qualité des docteurs afin de faciliter leur insertion professionnelle.

Quel objet ou quelle image de votre activité vous illustre le mieux ?

De la théorie à la pratique : lors d’un workshop/atelier avec les artistes américains Ferryman Collective pendant la conférence internationale de la CDE (The German Society for Contemporary Drama in English) à Innsbruck en Autriche en 2024, j’ai pu initier les participants au théâtre en réalité virtuelle. Ici, il s’agit de ce que l’on appelle le « onboarding », le moment d’avant-spectacle où j’aide les participants à mettre le casque de réalité virtuelle pendant que les artistes en avatars dans la réalité virtuelle leur montrent comment se mouvoir pour participer pleinement à l’expérience théâtrale immersive de Gumball Dreams.

Conférence internationale de la CDE (The German Society for Contemporary Drama in English) à Innsbruck en Autriche en 2024
Crédit : Benjamin Broadribb

UPR ICTT – Identités culturelles, textes et théâtralité

Le laboratoire Identités culturelles, textes et théâtralité (ICTT) est une unité propre de recherche (UPR 4277) pluridisciplinaire regroupant une cinquantaine de chercheurs, de doctorants, de membres associés, appartenant à huit sections CNU. Le laboratoire s’organise en deux équipes, Théâtre et Transferts culturels.
Les objets d’étude du laboratoire sont :

  • Le théâtre : l’étude du texte, l’anthropologie de la scène, le festival d’Avignon, le théâtre et l’informatique ;
  • Les transferts culturels : la traduction comme pratique et création artistiques et culturelles, l’étude de l’objet culturel en transfert : lieu, temps, conditions de réception ;
  • La linguistique : apprentissage d’une langue seconde, formalisation sémantique, étude de la variation.

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