Séminaire Histoire, Santé, Travail, Environnement (HSTE) : « Avoir l’amiante : une maladie de classe, des malades de classes », par Bastien Guillermin, sociologue (PACTE/Université Grenoble Alpes)

Date : le jeudi 27 février de 15h à 17h
Lieu : Avignon Université, Campus Hannah Arendt, salle 0w33

Le séminaire de recherche Histoire, Santé, Travail, Environnement (HSTE) s’articule à l’axe Ecologie et Soins des mondes vivants du Centre Norbert Elias (UMR 8562). Il est coordonné par Sylvain Bertschy, dans le cadre de Chaire ToxCit (Avignon Université), avec Moritz Hunsmann et Judith Wolf, co-directrice du GISCOPE 84.

L’objectif est d’explorer l’histoire des relations entre santé, travail et environnement. Il s’agira de saisir les processus de dégradation/préservation/restauration des milieux et de la santé humaine dans leurs historicités propres, d’interroger les cadres de rationalité (profanes, philosophiques, scientifiques, juridiques, techniques, etc.), les configurations sociales et les régimes d’action qui, à différentes échelles, les rendent possibles (modes de gouvernance et de régulation).

Ce séminaire, principalement destiné aux chercheur(e)s et étudiant(e)s (en premier lieu de master de doctorat) de différentes disciplines (sciences humaines et sociales, sciences de l’environnement, du vivant etc.), est ouvert à tous.

La deuxième séance aura lieu le jeudi 27 février de 15h à 17h, sur le campus Hannah Arendt, salle 0w33, sur le thème :

Avoir l’amiante : une maladie de classe, des malades de classes

Avec Bastien Guillermin, sociologue (PACTE/Université Grenoble Alpes)

À partir de son travail de thèse, réalisé auprès de retraités de l’industrie chimique du pays roussillonnais souffrant de pathologies liées à l’amiante, Bastien Guillermin analysera comment ces maladies affectent différentiellement les individus en fonction de leur classe sociale. En effet, si l’immense majorité de ces affections concernent des ouvriers (presque 90%), des membres des catégories intermédiaires et supérieures peuvent également être victimes de ce cancérogène. Or, les ouvriers, les techniciens et les cadres ne font pas face à cette épreuve de la manière. En se concentrant sur des personnes atteintes de fibroses ou de cancers en rémission, il montrera que les pathologies liées à l’amiante créent pour les cadres des situations de handicap, qui se manifestent notamment dans la pratique de certains loisirs ou de certaines activités, tandis qu’elles affectent le « rapport instrumental au corps » des ouvriers et d’une partie des techniciens. Ces derniers se décrivant non pas comme « handicapés », mais comme improductifs et « inutiles » – « J’ai l’impression d’être inutile, je n’ai plus de force pour quoi que ce soit » – ; manifestant, par-là, une forme de disqualification symbolique.