[Soutenance de thèse] Gauthier Rauner : "Fortifications et politiques défensives en Thessalie et dans les régions périèques de l'époque archaïque à l'époque hellénistique" - UMR 8210 ANHIMA

Cette recherche doctorale en histoire ancienne du monde grec se donne pour objectif d’observer la manière dont a été organisée la défense des territoires des cités de certaines régions de Grèce centrale et du nord, en l’occurrence la Thessalie et ses régions périèques : la Perrhébie, l’Achaïe Phthiotide, la Magnésie, la Dolopie, l’Ainide, la Malide et l’Athamanie. Pour ce faire, on a recouru aux sources littéraires et épigraphiques, ainsi qu’aux sources archéologiques, au premier rang desquelles les fortifications. Celles-ci, en effet, sont indispensables pour conduire l’étude historique d’une région et de sa défense : non seulement elles attestent l’existence d’un site à une période donnée, mais elles offrent des informations que ne livrent que rarement les autres types de sources. Le corpus de ces sources est réuni dans le deuxième volume de cette thèse qui comprend également les cartes et annexes tandis que le premier volume est consacré à la synthèse historique de cette recherche et comporte la bibliographie. L’histoire de la Thessalie et celle des régions mentionnées sont intimement liées : à leur arrivée à l’époque archaïque, les Thessaliens ont expulsé progressivement les peuples autochtones en dehors de la plaine, puis ont ensuite exercé périodiquement une influence sur ces régions jusqu’à la fin de l’époque classique. À l’époque hellénistique, ces régions connaissent un destin séparé et passent sous le contrôle d’autres puissances. D’abord dominées par les Macédoniens, elles sont le théâtre de luttes entre les Diadoques d’abord, puis entre les Antigonides et la confédération étolienne qui se disputent leur contrôle. 

Cette thèse s’interroge sur la manière dont on s’approprie un territoire, dont on assure sa défense contre un ennemi extérieur, mais également intérieur. Après avoir exposé notre méthodologie et dressé un état des lieux des vestiges des ouvrages fortifiés, il est montré comment, à l‘époque archaïque, au cours de l’annexion progressive de la plaine, le koinon thessalien, uni et solidaire, a constitué un maillage territorial organisé en un véritable réseau défensif. À cette époque, la construction d’ouvrages fortifiés n’en était qu’à ses prémices. Est ensuite envisagée l’histoire de la défense de ces régions à l’époque classique, période qui connaît de fortes évolutions tant dans les pratiques guerrières que sur le plan politique. La "stratégie traditionnelle" s’efface alors au profit de ce qu’Y. Garlan a qualifié la "stratégie nouvelle" : la défense des cités thessaliennes est ainsi étudiée dans un koinon affaibli, en proie aux divisions et aux guerres civiles, qui finit par passer sous la domination du roi de Macédoine Philippe II. Cette recherche s’achève par une réflexion sur les ouvrages de défense des villes et des territoires de la Thessalie et des régions périèques à l’époque hellénistique. Jusqu’à la défaite de Philippe V face aux Romains, Thessaliens et périèques ne sont plus maîtres de leur destin. Ces derniers retrouvent leur indépendance après la bataille de Cynocéphales. Au cours de cette période, l’art de la poliorcétique a connu de nettes améliorations et les cités ou les maîtres de ces régions ont alors dû adapter les fortifications aux nouvelles pratiques guerrières. C'est ainsi une histoire politique de la Thessalie sur la longue durée que l'on a tenté d'esquisser.