[Portraits] Lise Renaud, enseignante-chercheuse au CNE

1- Sur quoi portent vos recherches ?

Dès mon DEA puis mon doctorat à Lyon 2, mes recherches ont été focalisées sur les imaginaires du numérique et les discours qui escortent l’insertion sociale des médias informatisés. Ma posture n’est pas celle d’un démasquage mais consiste davantage à considérer que ces imaginaires sont structurants socialement. J’ai principalement développé cette réflexion à partir d’analyses de discours promotionnels du téléphone mobile et d’une sémiotique des interfaces numériques. Depuis mon recrutement à Avignon Université en 2013, mes recherches ont trouvé dans le domaine de la culture et des patrimoines un terrain particulièrement propice pour étudier les valeurs et figures associées au numérique.

2- Quelle est votre actualité scientifique ?

Je pilote actuellement deux projets de recherche autour de la mise en place de l’Histopad au palais des papes. Le premier POLI-APP est centré sur l’étude des stratégies de conception des dispositifs numériques d’aide à l’interprétation. Il bénéficie d’un financement Agorantic et associe des politistes, médiévistes et chercheurs en sciences de l’information et de la communication. Le second est une étude de réception de l’histopad à partir du croisement des données quantitatives générées par les usages de l’outil et une analyse qualitative des comportements de visiteurs. Il s’effectue en collaboration avec Avignon Tourisme, le palais des papes et la société Histovery.
Dans le cadre de cette réflexion, nous avons avec un collègue lyonnais coécrit deux articles, dont l’un La médiation numérique au musée en procès va paraître en mai (https://journals.openedition.org/rfsic/) et avons deux communications à des colloques programmées durant le printemps.

3- Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans la recherche universitaire ?

A la fin de ma maîtrise en Info-Com, quand la question m’a été posée d’occuper un poste de chef de projet en agence, j’ai fait le choix de poursuivre dans le domaine de la recherche universitaire car j’avais à cœur de continuer à apprendre, à analyser et déconstruire ce qui peut sembler naturel dans notre quotidien. Etre toujours en réflexion dans un espace de liberté de pensée a été le principal moteur de ma démarche. Ce choix de parcours doit aussi beaucoup, aux chercheurs qui m’ont enseigné la sémiotique, l’analyse des médias et de discours, l’économie et les politiques de la communication à l’université Lyon2.

4- Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent faire de la recherche ?

Mon principal conseil serait dans le choix d’un sujet qui tienne suffisamment à cœur pour être en capacité de « vivre avec » pendant plusieurs années. La recherche peut avoir un caractère obsessionnel ; elle est faite de doutes, de remises en question qui sont autant d’étapes de progression mais qui nécessitent une certaine obstination ; donc autant privilégier une thématique ou un terrain dans lequel le chercheur trouve des aspects récréatifs.

5- Quel objet ou quelle image de votre recherche vous illustre le mieux ?

Cette image extraite d’une banque d’images illustre à quel point avec ce genre de mise en scène, le téléphone mobile est porteur de valeurs qui le transcendent (modernité, puissance, sensualité…).

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